Comme le remarque Jérôme Garcin dans son livre La chute de cheval, au fil des temps l'equitation et les termes qui l'entourent se sont inspirés largement des qualificatifs humains, et d'un language propre à la discipline et au rafinement équestre.
"Le cheval a donc (contrairement au chien, qui est pourtant le meilleur ami de l'homme) un dos, des reins, des cuisses, un ventre, des bras, des avant-bras, des coudes, des genoux, des pieds et surtout, zones cardinales du travail équestre, [...] des épaules et des hanches."
Seul le néophyte donne des pattes au cheval, "qui a pourtant mérité, si gracieuses, souples et fragiles, des jambes." Le cavalier a fini ainsi, avec les termes d'avant-main et d'arrière-main, "par réaliser son rêve: s'oublier, s'augmenter, se confondre avec le seul animal qui pût le prolonger."
Mettant ainsi des mots semblables, l'homme met le cheval à son niveau, il en fait son égal. De nombreux mots sont mis ainsi au répertoire du monde équestre, "ainsi on ne dit pas que le cheval marche de côté mais qu'il va l'amble, ce qui est un joli mot pour un vilain défaut; qu'il s'entable, ce qui est une erreur; ou qu'il execute des appuyers, ce qui devient une qualité doublée d'un succès.
Il ne saute psa les barres mais, aérien, il les passe. Il ne contourne pas un obstacle mais [...] il dérobe. Si on tire trop brutalement sur les rènes, [...] on égare la bouche du cheval. Si on abuse de ses forces, si l'on exige trop de lui, on l'estrapasse. En revanche, tel un tableau de maître, on l'encadre en le tenant droit dans les aides. Quand, pour résister aux gèstes brutaux de son cavalier, l'animal secoue la tête, on dit qu'il bat la main ou, plus religieux, qu'il encense; d'une tête levée qui refuse de se placer, qu'elle porte au vent. Quand, en revanche [...] il veut bien offrir au cavalier toute sa puissance enfin rassemblée, on peut affirmer [...] qu'il se livre, et applaudir. C'est une belle langue que celle de l'équitation."
Sans reprendre les mots de Jérôme Garcin, les termes équestres ne tombent pas, hormis pour l'harnachement (bride, mord Verdun, Pelham...), dans un language spécifique et incompréhensible pour les néophytes. La langue équestre reste compréhensible. "Elle parvient à traduire l'harmonie silencieuse d'un animal et d'un homme que, en apparence, tout opposait et que tout réunit."
MaX