Le soleil couchant m'ébloui dans la tièdeur de cette soirée. Je vais calmement, accompagné du plus agréable compagnon qu'il soit: Sirus. D'un noir d'ébène aux reflets rougeoyant dans les doux rayons solaires, une simple étoile en guise de couronne, et ce voyageur devenait le roi de ces forêts, souverain de nos collines et maître incontesté de toute campagne environnante.
Nous passons nos journées, comme deux vieux rôdeurs, à parcourir le pays au fil de nos pas. Fier du cheval qu'il est, le cadre du sud semble être la patrie de Sirus, un domaine qui nous offre guarrigues, camargue et plages à perte e vue.
Le soleil est à présent couché. Nous sommes arrivés aux écuries. Je retire la selle du dos fumant de mon prince noir, laissant derrière moi une odeur délicieuse de vieu cuire. Après avoir carressé amoureusement la pièce magique qui s'avère être le lien irremplaçable entre moi et mon cheval, je retourne au box pour soulager mon compagnon de la fatgue de la journée. Un pansage méticuleux est comme un dialogue corporel entre l'homme et le cheval. Paroles tactilles qui soulagent les deux protagonistes: le premier de ses humeurs, le second de ses sueurs. L'intimité du box en ajoute au caractère sensuel de ces carresses.
Lendemain. Le soleil de lève juste et je suis déjà au chevet de Sirus. Petit déjeuner granuleux en perspactive, tous les chevaux sont exités. C'est à une guerre sans affrontements que j'assiste, seul témoin, lorsque chaque pensionnaire se gonfle, souffle et mord le vide pour une seule raison: à celui qui serra servit en premier. Chaque repas, toujours servit à heure fixe, dévoile un flot d'hostilités insoupçonnées entre les chevaux, d'ordinaire si calmes.
Plus tard dans la matinée je selle Sirus pour partir, à nouveau, dans une nouvelle aventure. Lorsqu'on part à cheval, tout se transforme vite en une merveilleuse exploration d'endroits surprenants, remplits de dangers illusoirs et de surprises innatendues provoquant des dangers fictifs contre chaque ombre inopportune. Un cheval est un incontestable rêveur, voyant l'aventure à chaque chemin, le danger derrière chaque buisson.
J'aime à penser que mon bon vieu compagon eut pu faire, à la place de voyageur, un champion des arènes, combattant son énnemi torrin. Ou alors devenir la coqueluche de ces jeunes filles, friandes des centres équestres. Il aurait aussi put se plaire en l'une des disciplines olympiques, brillant sur les rectangles de dressage, vollant par dessus les barres, et surpassant tous ses adversaires dans un jeu compétitif hors du commun où il aurait mené à la victoire son heureux cavalier. Peut-être eût-il aimé aussi l'attelage, le western, le hors-ball, le polo, les courses ou toute autre discipline...
Parfois aussi je l'imagine vivant d'un autre temps: il aurait sûrement fait un vaillant cheval de guerre au Moyen-âge, partant sur les champs de bataille, naseaux dilatés et mâchant le mors... Ou bien tirant les chars romains dans la Rome antique, vétu de mille apparâts dorés. Il aurait été monture de roi à la Renaissance, ou alors tirerait les fiacres noirs dans les rues de Paris au IXXème siècle... Ou encore il aurait pût finir, comme bon nombre de chevaux avant la Révolution Industrielle, à travailler dans les champs, cheval de labours, soigné par ses maîtres mais meurtri par ses harnais...
J'arrive au détour d'un chemin. Deux solution s'offrent à moi. Soit je continu sur la route, soit je m'enfonce vers l'inconnu sentier qui s'offre à moi. Je laisse Sirus aller, comme bon lui semble, et choisir notre destination. Nous voilà qui quittons la route, nous engoufrant au travers d'une pinède aux arbres résineux. Sirus est éxité, je le laisse partir, au galop, frollant les écorces, comme un éclair sombre. Je suis aux anges, le sourir aux lèvres et dans le coeur, lègé.
Mais quelque chose détale entre les jambes de Sirus, je ne vois pas ce que c'est, je n'en ai pas le temps. Mon cheval fait un prodigieux écart, stoppant brusquement sa folle course. Ce subit arrèt le déséquilibre, il se renverse, moi sur son dos. Je suis projeté contre un arbre, j'ai juste le temps de voir un lapin partir en bonds terrorisés, et Sirus qui se lève, et se précipite au galop loin de ce lieu de terreur, l'effroit rendant ses yeux fous, les étriers lui battant les flancs. Tout tourne. Mais je repense à ce galop merveilleux que nous venions de partager, et un sourire s'inscrit sur mes lèvre, juste avant que tout ne sombre... C'est le noir, comme Sirus...
MaX